La mise à nu d’un territoire : le LiDAR
Le territoire étant l’objet d’étude de l’archéologie, il est essentiel d’en obtenir une vision d’ensemble. C’est pourquoi une acquisition LiDAR a été programmée en 2021.
La technologie LiDAR est utilisée en archéologie depuis le début des années 2000. Elle permet de détecter, étudier et caractériser des usages passés des territoires à l’aide du relevé des micro-variations du relief à la surface du sol. Elle nous livre les indices d’activités anciennes dont la diversité et l’abondance étaient souvent insoupçonnées jusqu’alors.
L’acquisition LiDAR de 30 km2 réalisée aux alentours de Saint-Bertrand-de-Comminges a été centrée sur les massifs forestiers du piémont du bassin de l’agglomération et sur la plaine alluviale qui porte la ville antique et sa périphérie. Les traitements de visualisation mettent en évidence des reliefs difficilement repérables à l’œil nu.
Ces reliefs sont de toutes natures : dépressions, élévations, replats, reliefs marqués ou non. Ils peuvent être d’origine anthropique ou naturelle. Leurs échelles sont nombreuses et variées : du kilomètre pour les plus étendus au décimètre pour les plus petites structures.
Un apprentissage par aller-retours : détection/relevé d’entités
Une fois les premiers traitements techniques appliqués aux données LiDAR, l’analyse des modèles numériques révèle des structures d’intérêt archéologique. Une reconnaissance sur le terrain permet finalement de valider ou d’infirmer les hypothèses proposées.
Cette technique cependant se limite à une partie seulement des occupations anciennes du territoire. Par exemple, elle n’informe pas sur les structures enfouies ou sur les propriétés chimiques des sols. Bien qu’il soit parfois possible de déterminer la fonction d’une structure par similarité morphologique, il n’existe pas de référence typologique des structures archéologiques détectées par LiDAR.
C’est pourquoi, parallèlement à la reconnaissance de structures depuis les modèles numériques, les données LiDAR sont croisées avec des cartes anciennes. Elles identifient les structures les plus récentes en documentant les occupations du sol des trois derniers siècles.
Un apprentissage par aller-retours : prospections
Les prospections au sol vérifient les interprétations proposées grâce à l’analyse du LiDAR. Elles permettent de confirmer la réalité des entités détectées et complètent l’information sur les structures grâce à leur observation in situ. Ces observations conduisent à améliorer l’interprétation des données LiDAR.
Une trentaine de zones, sélectionnées à partir de l’étude du relevé LiDAR, ont été vérifiées et reconnues par une première prospection en octobre 2021.
De nombreux aménagements linéaires ont été mis en évidence et relevés sur SIG (système d’information géographique) : des terrasses, des fossés ou encore des murs. Ils reprennent parfois des limites parcellaires figurant sur les cadastres napoléoniens, mais certains d’entre eux ne sont connus sur aucun plan.
L’ensemble de ces aménagements est complexe à interpréter sans investigations plus poussées puisqu’ils sont, comme leur durée d’utilisation, impossibles à dater.
En octobre 2023, une prospection a été organisée sur le thème des anciens chemins. Quatre secteurs différents ont été explorés dans les territoires montagneux qui entourent Saint-Bertrand-de-Comminges afin de vérifier que les tracés reconnus grâce au traitement et à l’interprétation des données correspondaient bien à des chemins, d’identifier leur période et durée d’utilisation, ainsi que de caractériser l’importance de leur fréquentation.
Ces secteurs semblent présenter une grande variété de situations : certains chemins ont complètement disparu sous la végétation quand d’autres sont encore pratiqués. Les différents indices collectés grâce aux observations de terrain permettent d’identifier des différences dans les durées et dans l’importance d’utilisation des anciens chemins.
Ces informations sont précieuses car elles nous renseignent sur les différents usages du territoire, sur la longue durée. Ces prospections illustrent alors combien l’archéologie transcende les périodes historiques en s’intéressant par exemple aux phénomènes de mobilité d’une population sur le temps long. Les traces révélées par le LiDAR sont de toute nature et illustrent l’intérêt de l’archéologie pour l’aménagement du territoire. Comprendre comment il s’est structuré et quels en ont été les usages ne peut alors que nourrir nos réflexions contemporaines sur son aménagement de demain.